jeudi 9 mai 2013

Lettre ouverte

Je m'arrête un instant pour faire un point sur nos premières semaines au Japon.


Tokyo tout d'abord, n'est pas une très jolie ville, à aucun instant je me suis extasiée sur la beauté d'un quartier, d'une rue... j'ai effectivement fait de belles découvertes comme certains jardins, j'ai été impressionnée par la foule, les buildings, mais je n'ai jamais ressenti de sensations d'esthétisme dans sa globalité. Les constructions n'ont aucun cachet, leur seule performance consiste en leur capacité anti-sismique, mais même l'isolation phonique et thermique est pitoyable! Il ne reste que très peu de traces du passé, la ville a tour à tour brûlé (du fait des constructions de bois), a subit des tremblements de terre et rien de l'héritage culturel n'a été sauvegardé ou utilisé pour reconstruire dans un style similaire... La ville est telle une grosse toile d'araignée grise et dont les fils serait les câbles électriques.  Les "Mall" fleurissent dans chaque quartier... bref Tokyo fait rêver les européens et pourtant Tokyo n'est pas belle! Je comprends mieux à présent la fougue des Japonais pour ces fameux circuits de visite des capitales européennes et leur fascination pour nos vieilles pierres. Je comprends mieux également leur enthousiasme devant une fleur, un détail et leur acharnement à photographier, à capter cette beauté si infime au milieu de tant d'urbanisme. Enfin je comprends mieux leur exigence à rendre beau ce qu'il touche au détriment du temps qui passe (je peux parfois attendre 10 minutes pour un paquet cadeau...!)

Tokyo est la ville où le coût de la vie est le plus cher au monde, selon la dernière étude publiée par The Economist Intelligence Unit (février 2013), Paris arrivant en 8éme place! 

Et c'est vrai! se nourrir en cuisinant soit même revient parfois plus cher que de manger à l'extérieur. Consommer des fruits et légumes (qui je le souhaite ne sont pas trop irradiés) est un véritable luxe. Les Japonais respectent avec beaucoup d'attention le fil des saisons et je ne trouve ici que des produits très qualitatifs (vu les tarifs ils peuvent être bons!); seuls la viande et le poisson sont bon marché. Les loyers sont prohibitifs pour de petites surfaces, les hôtels sont inabordables (accepteriez vous de payer 200 euros une chambre pour 4 personnes dans un modeste hôtel type 2 étoiles où vous devriez faire votre lit?) et enfin les déplacements sont horriblement chers. Alors les Tokyoïtes passent leur weekend Tokyo et dépense leur argent en faisant du shopping ou en jouant au pachinko (welcome in Tokyo!).


Les enfants à Tokyo me semblent peu nombreux!!! nous n'en croisons pas beaucoup! Mais les Japonais les adorent surtout quand ils ont les cheveux clairs et la peau blanche. Où que nous allions, Arthur a son petit succès auprès des Japonaises. Kawaïïïï. Tom lui conseille d’ailleurs de revenir à Tokyo à la fin de ses études! La situation des mères est très particulière dans ce pays que je découvre très "machiste". Après la naissance de leur enfant et souvent unique, la femme quitte son poste (60% font ce choix) sous la pression sociale. Si elle désire continuer de travailler, elle est alors rétrograder à un poste sans responsabilité et pourra tirer un trait sur sa carrière. Le manque de places en crèche, des aides publiques quasi inexistantes, des jugements moraux... Pas facile d'être une mère active au Japon.
Mais pas facile aussi d'être une femme. Le « World Economic Forum » est formel : selon son dernier rapport sur l’égalité des sexes dans le monde, le Japon se place 101ème sur 135. C’est le pire classement des états membres du G8, ce rapport montre un décalage du Japon par rapport au reste du monde, sur la place de la femme dans sa société. Il y a une quasi totale absence de parité hommes-femmes aux postes de management et sur les salaires. Et puis il y a ce statut d’idol qui cristallise la femme-objet… 
Alors lorsque je parle de ma condition de femme et maman aux autres mamans japonaises à la sortie de l'école je vois dans leurs yeux des petites étoiles et je me rend compte de la chance que nous avons nous Françaises!!


Mais revenons aux enfants, l'éducation des enfants est un poste de dépense important pour les parents. La scolarité est très cher 8500 euros par an, les extras tels que l'accueil pericsolaire 10 euros la séance et jusqu'à 17h! la cantine 8 euros le repas, les activités extra scolaires 400 euros... un investissement important pour les parents qui sont prêts à tout pour voir leur enfant réussir. Elle est pas belle la vie en France!

Arrêtons nous à présent sur les Japonais. Ils sont très nombreux et adorent la promiscuité. Leur vie est dictée par des règles  qu'ils s'appliquent à respecter tout au long de leur vie et pour cause, si une règle devait être enfreinte alors c'est l'employeur qui en est le premier informé! de quoi mettre la pression! La règle étant la même pour tous les Japonais fait que la vie est plutôt facile et agréable!!! Pas de mouvement de foule, pas de doubleur dans les files d'attente... Il est par contre beaucoup plus difficile d'y travailler! La règle étant omniprésente les Japonais ne prendront jamais d'initiative en dehors de la tâche qui leur incombe. C'est donc un travail laborieux de détailler chaque action, d'anticiper chaque événement à venir... mais que la force soit avec toi mon Tom! Tu vas y arriver!
Si la règle est omniprésente le Japonais ne connait pas la morale. Je suis à chaque fois outrée de voir des personnes âgées debout dans le métro et aucun Japonais pour leur laisser la place. Ou bien encore de voir des femmes avec poussettes monter difficilement les marches et ne voir personne pour les aider (ah oui ce ne sont que des femmes!). Et encore de voir des rayons de sex toys plutôt hard positionnés à côté des bracelets pour enfants...
Autres aspects des Japonais : il est plutôt honnête, très minutieux, très calme, et discret et pourtant dans notre vie quotidienne nous sommes sans cesse sous l'emprise de hauts parleurs qui nous parlent... la plaque de cuisson me parle, l’ascenseur me parle, les pompiers qui habitent dans l'immeuble voisin me parlent en plus de leur sirène!  le train me parle, la plage me parle, les vendeurs devant les magasins me parlent au mégaphone... Pas de répit!

Alors il faut sortir de Tokyo... c'est pour nous une vraie bouffée d'oxygène et aussi une claque à notre budget! Mais nous profitons de la douceur de vivre dans les onsens, d'un peu de verdure et d'un peu plus de calme puisque nous ne sommes jamais seuls! 

Bref une expérience qui ne nous laisse pas indifférents, pas tous les jours facile, mais qui nous soude chaque jour un peu plus et qui finalement nous fait réaliser à quel point nous avons de la chance d'être Français!

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